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Et si l'on avait découvert le plus vieux conte de l'humanité ?31 mars 2020

Depuis des générations, les aborigènes Gunditjmara se transmettent l'histoire d'un géant qui aurait pris la forme d'un volcan, et ses dents celle de coulées de lave... relatent-ils la série d'éruptions volcaniques qui a eu lieu dans la région il y a 37 000 ans ? C'est ce que pensent des géologues australiens...

« En Australie, il est aujourd'hui admis que les traditions orales relatent des faits anciens, confie Maïa Ponsonnet, ethnolinguiste à l'Université d'Australie de l'ouest. Les récits mythologiques ont sédimentés les traces historiques. » L'arrivée des hommes blancs au XIXe s., la mort de l'explorateur James Cook au XVIIIe s., la montée des eaux il y a plus de 7000 ans... tous ces événements alimentent, aujourd'hui encore, les contes et légendes des peuples aborigènes. Et pourquoi pas une série d'éruptions volcaniques qui aurait eu lieu 37 000 ans avant notre ère ? C'est justement en étudiant ces éruptions qu'Erin Matchan, géologue à l'Université de Melbourne et son équipe, ont peut-être découvert le plus vieux conte, basé sur un fait réel, jamais narré par l'humain.

Au départ, la géologue cherchait à établir à quelle époque les premiers humains s'étaient établis en Australie, et plus précisément dans l'état de Victoria, dans le sud du pays. Pour ce faire, elle s'est basée non pas sur des publications ou des livres, mais sur des dires. Plus précisément un conte des aborigènes Gunditjmara. Cette histoire, transmise uniquement oralement, parle d'un géant qui aurait pris la forme d'un volcan, et ses dents celle de coulées de lave. Or, les géologues ont daté à l'argon 40 des roches volcaniques trouvées dans la région : elles remontent à 37 000 ans. Et le volcan qui les a crachées appartient à la catégorie des volcans monogéniques : il s'est formé au cours d'une seule éruption volcanique. Un événement ponctuel qui a pu jouer, ici, le rôle de phare temporel.

La valeur de l'oral est vitale dans une société sans écrit

Certes, la friabilité de l'oral vis-à-vis de l'écrit n'est plus à prouver, car trop souvent sujet à la modification ou à la réinterprétation. Alors, cette histoire de géant volcanique a-t-elle réellement pu se transmettre durant 37 000 ans ? Impossible de le savoir avec certitude. Pour Maïa Ponsonnet en tout cas, c'est tout à fait plausible. « Il ne faut pas sous-estimer la transmission orale. La valeur de l'oral dans une société sans écriture est vitale. Pensez à la localisation des points d'eau par exemple. Il ne peut pas y avoir d'erreur de localisation, il en va de la survie des individus. »

Par Mehdi Harmi Le 30 mars 2020
Sciences & Vie - Nature et Environnement